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Expressions Libres >> Décryptage >> Qu'est-ce-que l'art ?

Qu'est-ce que l'art ?

On l'a fait... Et oui, nous avons durement planché sur la question, ce qui n'était pas simple et le débat n'est toujours pas terminé...

La question de l'art soulève de nombreux problèmes. Le premier problème sur lequel nous avans planché est la question du beau...Et là c'est le drame... Bonjour les maux de tête, la fatigue, le plat sur le feu, etc... Non, ne fuyez pas, essayez vous allez voir c'est passionnant...

L'art est souvent lié à une expression du beau. Mais le beau qu'est-ce au juste ? Il nous a semblé essentiel de distinguer le beau de l'agréable. En effet, une oeuvre belle n'est pas forcément agréable. Ame-no-kotori évoque pour celà, Salvador Dali : il nous montre dans ces oeuvres des compositions terribles; des sujets enfouis au plus profond de nous même, et fait appel à des faits désagréables de notre histoire, en tant qu'homme, mais aussi en tant qu'individu.

La beauté semble également liée à l'esthétique, mais l'esthétique agréable. Attention, c'est un leurre. La beauté prend aussi en compte l'esthétique désagréable...

Au final, que nous reste-t-il du beau ? C'est une notion assez paradoxale : elle concerne à la fois l'agréable et le désagréable. En d'autres termes et d'un point de vue plus général, il concerne le domaine sensible. C'est à dire, un rapport avec les sens. Et ce dernier peut-être pris dans tout son ensemble:

Les sens, c'est un rapport physique ou physiologique entre le monde extérieur et nous-même. Les sens, c'est le seul lien, qui se tisse entre la réalité et notre esprit, notre intelligence. Et le sens, c'est aussi toute les signification offertes par une seule et même idée. Ainsi, on rejoint la notion de langage, par la signification. Et c'est vrai l'art est un moyen d'expression !

Jérôme Bosch - Jesus portant la croix
Jesus portant la croix (1485 1490) - Jérôme Bosch
Salvador Dali - The Hallucinogenic Toreador
The Hallucinogenic Toreador (1969) - Salvador Dali

Ainsi, le beau fait appel à un rapport physique (les sens) et un rapport moral, intellectuel (le sens). Le beau est en fait un résultat, le résultat de notre humanité. C'est l'homme qui crée le beau. Le beau est le résultat d'un jugement esthétique, c'est à dire d'un rapport entre notre esprit et notre corps. Mais le jugement esthétique n'enlève pas le plaisir et la relation sensible. On peut trouver une oeuvre belle parce qu'elle nous affecte, elle nous touche, elle agit sur nos sentiments. Le beau est exprimé par un jugement esthétique, et qui dit jugement dit, raisonnement, dit réflexion. Le beau est à la fois résultat d'une expérience sensible et d'un raisonnement.

Pour aller plus loin, on peut dire que la beauté, l'art est en fait, la synthèse de l'homme. Il fait appel au corps, et à l'intelligence. C'est le propre humain. En une oeuvre humain, on retrouve l'Homme, lui-même, un être qui prouve et qui éprouve.


Voilà pour ce qui est du beau. Maintenant, l'art soulève un autre problème et pas des moindres. Le problème de l'artiste.

Le problème de l'artiste nous a amené à distingué l'art, de l'art antique.

Le premier point est de distinguer l'artiste, de l'artisan. Et ouis pour cette notion si vaste, il est important de définir clairement les choses, et donc de les distinguer les unes des autres


L'artiste et l'artisan

Cette différence s'est clairement effectuée au Siècle des Lumières, avec l'Encyclopédie.

Commençons par l'artisan. L'artisan fabrique, crée un objet tout droit sorti de son esprit, pour ensuite le vendre par sa fonction. L'objet devient outil, puisqu'il est fonctionnel, même si ça fonction est purement décorative. L'artisan crée dans le but de vendre son produit, de vendre son savoir-faire. L'objet est alors appelé produit, il est passif. C'est le résultat d'un savoir-faire.

Il est vrai que celà semble proche de l'idée de l'artiste, mais la différence existe :

L'artiste, lui aussi à un savoir-faire, mais il crée dans le seul but de créer, et non le but d'un objet. Cette différence est subtile, mais elle est importante. L'artiste compose pour un mécène, mais selon une démarche personnelle, il s'agit d'une véritable recherche de la personne, une recherche esthétique, agréable ou non, beauté agréable ou beauté sublime.

L'artiste compose et crée, on l'a vu. Mais il n'abouti pas à un objet en soi, mais à une création. Il ne s'agit pas d'un produit, comme pour l'artisan, mais d'une production, l'oeuvre devient action. D'ailleurs, on parle de création, de production, de conception, qui sont tous des noms d'actions. L'oeuvre est actrice avec elle-même. Cette différence s'exprime entre oeuvre, et chef-d'oeuvre, au sens du compagnonnage.

Du coup, cette distinction étant établie, la différence entre l'art et art antique, se réalise d'elle-même. En effet, l'art antique avait pour but, pour fonction un aspect décoratif. On lui donnait du sens certes en y apposant des images, des symboles, mais il ne reste que des traces de l'Histoire. Tandis que les écrits, grecques notamment, sont des oeuvres d'art, dans la mesure où ils sont une démarche de réflexion, notamment philosophique. Les oeuvres d'art antiques sont reconnues par leur ancienneté, et sont présentes dans le monde de l'art, uniquement par leur rapport à l'Histoire de l'humanité.

Par contre, ils sont de véritables documents pour comprendre et connaître leurs méthodes de créations, leur savoir, leur démarche de pensée.

On peut par la même s'interroger sur l'artiste et sa création

Sans aller dans les moindres détails, l'artiste crée à partir d'un modèle, qu'il soit naturel, reproduction d'un paysage, vivant, un nu, ou un autre artiste. Il ne s'agit pas de plagier la nature, ou un autre artiste. Il s'agit de s'en inspirer pour fonder sa création, sa composition, y réfléchir, par un long travail d'esquisses, et d'études, pour aboutir à une création, une production. Le mot aboutir parait mal choisi, puisqu'il ne s'agit pas d'un but, mais d'une création en soi. L'aboutissement de la production ne peut s'effectuer que dans la tête de l'artiste, et par le regard du spectateur. Toute oeuvre même cachée, est destinée au moment de sa conception, par l'artiste, à être regardée par quelqu'un d'autres. Souvent, les artistes même autodidactes, organisent leurs conceptions, à partir d'oeuvres déjà existantes, et leurs rendent hommage, en y faisant référence, ou en poussant le travail de leur maître dans une direction parfois différente, qui n'est pas un sacrilège, mais une nouvelle orientation de l'oeuvre maîtresse. D'autres part, cela rend d'autant plus légitime, l'oeuvre maîtresse, en lui conférant un pouvoir de création à d'autres. C'est l'ambivalence d'une oeuvre, elle est création, et elle crée.

Botticelli - Naissance de Vénus
Naissance de Vénus (1485) - Sandro Botticelli
Renoir - Le Moulin de la Galette
Le Moulin de la Galette (1876) - Auguste Renoir

Et aujourd'hui?
Souvent on se dit: "Mais n'importe qui peut faire la même chose, je prends un feutre et je gribouille sur une feuille et j'obtiens la même chose." Ou encore "Même mon fils de 6 ans fait la même chose..."

Il ne faut pas oublier qu'une oeuvre est production; elle est le fruit d'une longue maturité de l'artiste, d'études précédentes, de réflexions, d'engagement de l'artiste. Il s'agit d'un véritable travail. Donc premièrement par respect, on ne peut se permettre de tels propos de dérision et d'ironie.

La démarche la plus honnête avec soi même, est de réfléchir un tant soit peu, à une volonté, une expression, ou tout simplement à ce que l'on ressent face à l'oeuvre. On ne peut pas ressentir d'indifférence. Il en résulte forcément un sentiment. Ou alors, on peut se dire que l'on n'est pas prêt à recevoir cette oeuvre. Il important lorsque l'on observe une oeuvre (ou que l'on l'écoute...) de prendre conscience de la légitimité de l'oeuvre. Elle est production, c'est la démarche de conception qui en est l'âme. Il ne faut pas sous-estimer un artiste, même s'il on adhère pas à son ou ses oeuvres, un respect est néanmoins, le minimum. Ensuite, l'honnêteté serait d'essayer de comprendre une production

On devient acteur. Nous n'avons plus un comportement passif, mais une relation active se tisse entre l'oeuvre, l'artiste et le spectateur (en musique, théâtre, il existe un acteur de plus: l'interprète, c'est d'autant plus fort...). La meilleur démarche, serait d'essayer de comprendre le dégoût que l'on peut ressentir face àune oeuvre, et peu à peu, on commence à l'apprécier, car on commence à la comprendre.La démarche active du spectateur est réussie.

Bien sûr cela demande un engagement de chacun, mais à partir du moment où l'on s'engage à voir par soi-même une exposition, un musée, une conférence, la démarche active de compréhension, n'est pas très loin...

Cela soulève un autre problème : l'accès à la culture, et la culture aujourd'hui ne devient-elle pas élitiste?

Un autre point que nous avons souligné. La folie du créateur. Quoi ? Hurlez vous ? Non rien de bien méchant. Simplement le fait de souligner, que les artistes sont révélateurs de notre monde. Ils nous le font regarder différemment, à travers leurs regards, qui bien sûr n'est jamais objectif, mais qui est lourd de sens, et suffit par lui-même. Chacun ensuite est libre d'apprécier ou non, d'y adhérer ou non.

Enfin, un dernier élément de notre discussion, l'artiste et le marché de l'art. Avec toutes ses productions, tellement facile, de la Star Academy et autre show télévisé, l'art se trouve dans une sérieuse impasse. Depuis plusieurs années auparavant, on accusait les artistes, de faire n'importe quoi, et d'abuser de l'élitisme de l'art, pour "se faire du pognon". Il est vrai que vivant dans un monde libéral, il fallait s'attendre à ce que l'art, et la culture en soit corrompus. Choses faites, depuis de nombreuses années, nous ne nous avancerons pas ouvertement à critiquer certains artistes, mais nous n'en pensons pas moins. La culture, et l'art sont en danger. Les vrais artistes ont du mal à se faire connaître, modestes de leurs productions, tandis que les autres abusent de la crédulité du public, pour ne vendre que du produit, marketing, commercial, sur le marché de l'art.

Sans parler, non plus, d'une dévalorisation de notre patrimoine culturel avec la décadence perpétuelle de la télévision, qui est devenue l'élément central de notre société. Soit dit ne passant, des personnes qui n'ont pas la télévision sont dites marginales...


La mondialisation a non seulement ouvert les cultures, pour en arriver à une culture sans frontière, ce qui est grand signe de partage et de reconnaissance de toutes les cultures, mais la mondialisation a aussi engendré la corruption culturelle. C'est haut et fort, que nous tirons la sonnette d'alarme. Rendez-vous dans les musées, les pôles de découvertes et de créations, les cinémas, les expositions, les bibliothèques, parlons, échangeons, découvrons, ce n'est pas résérvés aux riches, aux classes sociales élevées, c'est ouvert à tous, les jeunes et les moins jeunes, c'est un échange perpetutel, un respect de l'identité humaine.
Alors faisons vivre la culture !!

Nicolas de Staël - l'étagère
L'étagère (1955) - Nicolas de Staël
Brancusi - L'oiseau d'or
L'oiseau d'or (1919) - Constantin Brancusi
Van Gogh - Autoportrait
Autoportrait (1887) - Vincent Van Gogh


Texte Expressions Libres - Iconographie www.Artchive.com

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